À la découverte d'Arcachon et «Les gens sont comme ça» de Philippe Delerm

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À la découverte d’Arcachon avec Vanessa Zha.
Nicolas, vous avez avec vous un recueil de Philippe Delerm.
Oui. L’auteur de la première gorgée de bière. Son dernier s’appelle "Les gens sont comme ça", sous-titré : et autres petites phrases métaphysiques. J’aime beaucoup les textes de Philippe Delerm. Mais alors, attention, à ne pas le lire à côté de quelqu’un, sinon, vous allez passer votre temps à le déranger en disant : attends, écoute celle-là aussi, c’est tellement vrai…
Mais c’est quoi, une phrase métaphysique ?
C’est lui qui en fait de la métaphysique et une source de pensée profonde, mais les phrases qui sont autant de chapitres sont précisément les phrases les plus banales du monde, celles que l’on prononce machinalement même, sans même se rendre compte de ce qu’elles contiennent. On a fini par les vider de leur sens, et Delerm leur en redonne. Et il en ressort soit de la poésie, soit une réflexion sur le monde tel qu’il va, soit du rire. Et parfois tout ça en même temps. Par exemple : « je ne souhaite ça à personne ». C’est une sentence qui termine souvent une plainte, une ponctuation. La fin de la démonstration. Et il y a aussi une forme de faux courage là-dedans, un sacrifice qu’on se propose de faire, mais sans jamais le faire. Il y a la variante : je ne souhaite pas ça à mon pire ennemi. Il cite au passage Jules Renart : "On a toujours assez de courage pour supporter le malheur des autres". Chapitre suivant : "Tu me donneras la recette". C’est une forme de compliment, bien entendu. Mais c’est un peu plus. Parce que c’est une promesse. C’est envisager une suite. Ce n’est pas juste : "Mmm délicieux" et basta. Non, là, ça engage une forme de complicité.
Il y a aussi "ah oui, non mais moi" J’adore. Ou "moi, je crois beaucoup à ça". "C’est ni fait ni à faire". "Tu vas sortir de ta zone de confort" ou "T’inquiète !" Et ma préférée : "C’est du Feydeau !". Vous savez quand on observe un vaudeville dans la réalité. C’est du ! "C’est du Modiano !" quand on voit une porte cochère qui ouvre sans doute sur des souvenirs. Ou "c’est du Mozart". Bref. Moi quand je vois quelqu’un écosser des petits pois, je dis "c’est du Delerm". C’était un des plaisirs minuscules de la première gorgée de bière.
"Les gens sont comme ça" de Philippe Delerm au Seuil.
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